La rentrée universitaire approche et tous les étudiants connaissent la chanson : il va falloir partir à la chasse aux livres de cours.
En apparence, ça paraît simple : on regarde sa liste, on va acheter ses bouquins, et hop ! Mais en réalité, c’est un vrai parcours du combattant. Entre le budget qui explose, les galères pour trouver les bons exemplaires, et ces sites d’universités impossibles à décrypter… Franchement, on se demande parfois si c’est fait exprès !
Et le pire dans tout ça ? C’est qu’on nous vend l’université comme le temple de l’égalité des chances. Sauf que dès qu’il faut sortir le portefeuille pour les manuels, là tout de suite c’est moins égalitaire. Du coup, certains étudiants partent déjà avec un handicap avant même d’avoir mis les pieds en cours. Sympa l’égalité des chances, non ?
Des livres de cours de fac à prix d’or
On touche au vif du sujet ! Vous voulez savoir pourquoi les étudiants tirent la gueule à chaque rentrée ? Simple : les prix de leurs bouquins sont complètement dingues. Entre 20 et 80 euros le manuel, et ça c’est pour les « petits » prix. En Master, les livres spécialisés et rares font exploser le plafond !
Du coup, imaginez… Vous prenez 6-7 matières, vous multipliez, et paf ! Vous voilà avec une facture de 400-500 euros qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Et ça, c’est juste pour un semestre, hein ! Quand on sait que la plupart des étudiants vivent avec les 3 francs 6 sous que leurs parents arrivent à leur envoyer, plus un petit job s’ ils ont de la chance… Autant dire que c’est la douche froide.
Résultat ? Les étudiants rivalisent d’ingéniosité pour s’en sortir. Il y a les kamikazes du « zéro achat » – ils misent tout sur la prise de notes en cours et les PDF qui traînent. Ça marche… parfois. D’autres organisent des achats groupés, mais on fait comment quand tout le monde doit réviser en même temps !
Yderline B. nous expliquait qu’elle avait pu « s’organiser avec les copines pour se passer les livres pour les TD de droit constitutionnel et de droit des affaires, quand on avait les TD en alternance, certaines les mardi, les autres le samedi ».
Les plus malins tentent l’occasion, mais allez donc dénicher sur internet la toute dernière édition du manuel de droit comparé… Mission impossible la plupart du temps.
Et au bout du compte, qu’est-ce qui se passe ? Ben c’est simple : ça fait le tri entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas. D’un côté les chanceux dont papa-maman sortent la carte bleue sans broncher, de l’autre ceux qui comptent chaque euro et qui galèrent parfois toute l’année parce qu’ils n’ont pas eu accès aux bonnes ressources dès le départ.
Ce sont les étudiants qui en parlent le mieux. « En Licence 1, je vivais sur mon job étudiant 2 jours par semaine et 200€ que mes parents pouvaient me donner chaque mois. La rentrée m’a mis à découvert. » nous raconte Jean A., ancien étudiant de Droit à l’université de Lyon 3 – Jean Moulin.
L’illusion du gratuit des bibliothèques universitaires
Quand l’argent manque, on se dit naturellement : « Direction la BU ! » L’idée paraît excellente au premier regard. Mais dans les faits… c’est tout de suite moins rose. Prenez un cours d’histoire médiévale avec 200 étudiants inscrits : si vous tombez sur 8 exemplaires disponibles, considérez-vous comme chanceux. Le ratio est édifiant.
Alors commence la course. Les plus matinaux arrivent à l’ouverture et monopolisent les ouvrages, pendant que les autres patientent. Et quand arrivent les examens ? L’ambiance devient électrique – difficile de se concentrer sur un manuel qu’il faut rendre dans 20 minutes à l’étudiant suivant qui attend derrière vous.
« La BU c’est l’angoisse. Les livres de cours il y en a 400 000 mais les 8-10 dont on a besoin pour le semestre sont jamais dispo » nous explique Nino F. en Licence AES à Bordeaux.
Il faut aussi dire que toutes les disciplines ne sont pas égales face à ce problème. Les étudiants en lettres ou sciences humaines croulent sous les références bibliographiques obligatoires, alors que leurs camarades ingénieurs accèdent plus facilement aux ressources numériques et cours dématérialisés. L’inégalité commence dès le choix d’orientation !
La rigidité pédagogique face au budget étudiant
Ce qui frustre le plus dans cette histoire, c’est l’absence totale de marge de manœuvre. Pour choisir un roman, vous avez l’embarras du choix. Mais pour les cours ? « Code Civil, édition 2025, obligatoire. » Point final. Les enseignants invoquent la cohérence pédagogique, ce qui se comprend, mais ils semblent parfois oublier la réalité financière de leurs étudiants.
Résultat concret : votre professeur de sociologie impose un ouvrage à 40 euros, et vous avez beau chercher des alternatives moins onéreuses, rien à faire. L’édition antérieure ? « Non, quelques exercices ont été modifiés et la pagination a changé. » Voilà comment on se retrouve à investir une somme considérable pour un livre dont on n’exploitera qu’une partie.
Sans compter les doublons… Dans les matières théoriques intemporelles, entre « Théories économiques contemporaines » et « Économie moderne », vous risquez d’acheter deux ouvrages qui se recoupent largement, faute de coordination entre les différents enseignants.
Naviguer dans le labyrinthe informationnel
Le vrai challenge, au fond, c’est d’obtenir cette fameuse liste de manuels avant même que les cours commencent. Logiquement, on se tourne vers les enseignants. Mais essayez donc de joindre un professeur d’université en plein mois d’août… Mission quasi impossible ! Du coup, on se retrouve à attendre le premier cours pour récupérer la liste officielle. Problème : à ce moment-là, c’est la course contre la montre, surtout si vous étudiez dans une ville où les librairies se comptent sur les doigts d’une main.
Les sites internet des universités ? N’en parlons pas. C’est souvent un véritable parcours du combattant pour dénicher l’information qu’on cherche. Même quand ces fameuses listes existent quelque part sur le site, il faut parfois un miracle pour les trouver. Navigation confuse, informations éparpillées… On dirait que c’est conçu pour décourager les plus motivés.
« Comment on a pu faire des sites aussi pourris ? Des fois les listes de livres sont bien là, mais c’est dans des PDF énormes illisibles sur mon tel. » (Nino F.)
Il reste le réseau étudiant. Ces étudiants des années supérieures deviennent soudain de précieux alliés. Ils vous livrent les secrets : tel manuel ne sert pratiquement jamais, tel autre est absolument incontournable car l’enseignant base ses contrôles dessus. Ces témoignages valent leur pesant d’or.
Mais même armé de tous ces conseils, vous n’échappez pas au dilemme final. Si toute la promotion travaille sur l’édition 2025 et que vous arrivez avec votre version 2022 dénichée d’occasion, vous risquez d’être bien décalé pendant les travaux dirigés.
Une lueur d’espoir existe pourtant pour les étudiants prévoyants : le site Livres de Fac permet de consulter les listes d’ouvrages recommandés par les professeurs dans la plupart des universités françaises. De quoi enfin prendre les devants et organiser sa rentrée plus sereinement.